Quand travail est le seul mot qui résonne dans les esprits...
Encore et toujours, la rousse passait au-delà des recommandations de son entourage pour continuer à faire ce pour quoi les Limousins lui avaient fait confiance. Elle était Capitaine, Vice-chancelière, et elle assumerait ces deux rôles jusqu'au bout, qu'importe si ceux-ci venaient finalement à bout de sa santé, elle pourrait au moins se vanter d'avoir toujours tout fait pour respecter les charges qu'on lui avait confié plusieurs mois auparavant.
C'est pourquoi elle restait dans sa chambre, à Viam, Domaine de sa cousine où elle avait élu domicile peu de temps après l'attaque des trois armées du Ponant sur sa personne, afin que les personnes s'occupant de Sindanarie en temps normal puissent à présent s'occuper d'elle. Elle restait dans sa chambre donc, feignant avec brillot le repos tandis qu'elle continuait de travailler, rédigeant lettres et projets, qu'elle s'empresserait d'aller transmettre plus tard.
En l'occurence, elle travaillait toujours sur ce fameux projet de formation à l'école militaire pour toute recrue qui souhaiterait devenir soldat. De plus en plus, donner les indications sur comment devenir soldat lui faisait honte. Signer un contrat. Une visite médicale. N'importe quoi.
Il fallait qu'avant de décider de s'engager dans la Compagnie d'Ordonnance, les recrues potentielles soient au courant de ce qui les attendait. Du sang et de la sueur. Soldat, ce n'était pas gratte papier. Elle avait plus que hâte de pouvoir présenter ce projet bien ficelé à son Etat Major, en espérant que celui-ci y voit un réel avancement.
Et tellement concentrée qu'elle était, écrivant à la lumière faible de l'extérieur qui filtrait par sa fenêtre, elle ne faillit pas entendre l'un des gardes frapper à la porte. Sursautant, elle s'était allongée sur son lit le plus rapidement possible avant de prendre sa voix la plus ensommeillée.
- Oui...?
Et le garde d'entrer en poussant doucement la porte, satisfait de voir l'ainée des Carsenac allongée dans son lit. C'est qu'il veillait au grain le soldat, surtout qu'il savait toute la peine qu'aurait la Dame de Viam si sa cousine venait à disparaitre. Il fit une rapide petite révérence, avant de sourire à la rousse.
- Il y a une femme à l'entrée, Elric dit que c'est quelqu'un qui vient vous voir. On fait quoi ?
- J'arrive.
Et le garde d'incliner la tête, signe qu'il a bien compris, et de se retirer de la chambre pour laisser à la femme le temps de se préparer. Ce qu'il ne savait pas, bien entendu, c'est que la rousse était déjà prête, puisqu'elle ne s'était en aucun cas mis en tenue pour dormir. Rapidement donc, elle put passer un peu d'eau sur son visage, et pincer légèrement ses jours afin de leur donner un peu de couleur et ne pas sembler aussi pâle qu'elle ne l'était en réalité. Ceci fait, elle prit le temps nécessaire à se rendre au poste de garde - temps que l'on peut imaginer assez long, vu l'état de la Carsenac - et souria un peu lorsqu'elle vit Titca présente, patientant en attendant une quelconque arrivée venant l'accueillir. Elle aimait bien cette jeune femme, son franc parler et ses convictions, et elle lui avait tout naturellement proposé de venir loger dans une des nombreuses chambres d'amis de Viam lorsqu'elle apprit qu'elle n'avait pas envie de rester seule.
- Bonjour Titca ! Comment vas tu aujourd'hui ?