Famille Carsenac et de Rumet-Carsenac
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Domaines de la famille Carsenac et de Rumet-Carsenac en Limousin et Marche
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion

 

 Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Sindanarie
Famille Carsenac
Sindanarie


Messages : 683
Localisation : Variable

Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant Empty
MessageSujet: Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant   Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant EmptyLun 15 Fév - 14:37

[Ou le débarquement d’une furie en son domaine]

Le claquement des sabots d'un cheval dans la cour, des crissements de pas sur le sol gelé et un battant de porte poussé à la volée furent tout ce qui annonça l’arrivée de la maîtresse des lieux avant un retentissant :

Elric ! Eeeeeeeeeeelric !

Le cri, net au départ, gagnait en puissance à mesure que les syllabes s’allongeaient. Marque caractéristique d’une Sindanarie surexcitée entrant en courant dans le château de Viam. D’habitude, elle parcourait calmement le rez-de-chaussée avant de lancer un appel à l’intendant du domaine, mais ce jour-là, rien n’allait plus. Il fallait faire vite, elle savait déjà qu’elle manquerait de temps pour tout préparer.

Elric ! Vingt dieux, où t’es-tu caché ? C’est urgent, b… !

Eh oui, une Sindanarie énervée retrouvait ses habitudes d’ancien Gouverneur et de meneuse de lance sous le pavillon de la COLM, nous avons nommé les jurons…

[Quelques jours auparavant, ou les évolutions d’une voyageuse trop longtemps refoulée]

Un feu de camp, quelque part sur les routes de Provence. La visite avait été rapide, le temps de rencontrer quelques uns des compagnons du cousin de la susditement mentionnée Sindanarie, et le retour avait été plus rapide encore, allégés que la Dame de Viam et son intendant étaient des tonneaux qu’ils avaient emmenés en guise de ravitaillement. Mais, pendant ce retour à Sémur avec étape à Viam, la jeune femme était restée préoccupée. Elle avait promis de retourner là-bas, en Provence, s’il s’avérait que l’un d’eux était blessé. Et qu’elle y retournerait chargée d’alcool… En soi, cette dernière promesse ne serait pas difficile à tenir. Mais une appréhension lui restait. Et si elle n’avait pas le droit de combattre là-bas ? Et si elle se faisait faucher en chemin ?

Par prudence, il lui fallait prévoir subsides et provisions. Passer par Guéret lui sembla impensable, passer à Viam était déjà en soi un détour… Alors elle y déposa juste l’intendant et lança Vengeance à bride abattue vers Sémur. Il lui faudrait peut-être voir quelques personnes… Réunir une petite troupe, et passer en force si besoin était. Seule, elle ne ferait pas le poids, mais s’ils étaient sept, ou huit, ce serait une autre affaire. Et renforcer les rangs de ceux qui se battaient de son côté, pour ainsi dire, lui plaisait finalement. Etait-ce la seule raison ? Le mystère demeurerait entier, du moins pour ceux qui n’étaient pas admis dans la confidence de la jeune femme. Son cousin, peut-être, aurait une idée d’un autre motif de descente dans le Sud.

Là n’était pas la question. A l’arrivée à Sémur furent envoyés courriers sur courriers pour trouver quelques troupes à emmener avec elle. Mais elle n’avait pas encore de réponse ferme et définitive quand elle reprit la route avec Vengeance jusqu’à Viam. L’heure du départ était proche, même si le programme avait "légèrement" changé. Interdiction de se battre, qu'ils disaient... Eh bien, soit, elle ne se battrait pas, mais elle ne resterait pas les bras croisés. C'était tout simplement hors de question. D'ailleurs, de retour au feu de camp, elle l'avait annoncé. Impossible qu'elle se batte, mais, en revanche... Elle avait bien le droit de se poster juste derrière la frontière et d'envoyer un émissaire. Avec les réserves de bière et autres joyeusetés promises. Et s'il y avait un gros problème et s'ils avaient une barbière pas loin, ce serait un avantage. Bondissant du dos de la jument baie plutôt que mettant pied à terre, la jeune femme se rua à l’intérieur du château et s’autorisa un cri tonitruant.
Revenir en haut Aller en bas
Elric Lesang
Intendant des Cars [PNJ]
Elric Lesang


Messages : 38

Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant Empty
MessageSujet: Re: Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant   Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant EmptyLun 15 Fév - 16:09

La journée avait pourtant bien commencé, tranquillement, calmement… Ah, le calme, maître mot de la vie du l’intendant depuis la disparition d’Eleuthère Carsenac ! C’était cependant ce même calme qu’il perdait à chaque fois que la fille Carsenac revenait au domaine, et à chaque fois qu’elle en repartait. Quand elle revenait, il fallait s’activer pour que le domaine ressemble à quelque chose, et quand elle repartait, il fallait retrouver, pour quelques jours du moins, les dures nécessités de son travail d’intendant. Mais bon, en général, elle prévenait, et il anticipait le sursaut de ses activités. En général…

Mais ce jour-là, l’arrivée de la maîtresse des lieux n’était pas du tout prévue. Au contraire, il la savait loin, en Bourgogne, et se croyait en période de repos pour un certain temps encore. Eh bien non, c’était une erreur. D’abord, il y avait eu le claquement des sabots dans la cour. Soit, un visiteur, rien de très pressé… C’était quelqu’un de connu, puisque le reste de la garde l’avait laissé pénétrer dans l’enceinte du château. Il avait donc le temps de finir de siroter doucement le verre de mirabelle qu’il s’était servi dans les réserves du salon privé. Moui…

Non. Il n’avait pas le temps, c’était une évidence, parce qu’un cri tonitruant manqua de le faire s’étouffer avec le contenu de son verre. Gné ? C’était quoi, ça ? Mais… Elle était revenue ? Déjà ? De Bourgogne ? Sans prévenir ? Mais elle manquait à tous ses devoirs, la Dame de Viam, on n’avait pas idée de débarquer comme ça, franchement… Qu’est-ce qu’elle allait encore lui coller, comme boulot à la [censuré] ? Grommellement rentré de l’intendant bourru. C’était pas bon signe, en tout cas, pas bon signe du tout qu’elle ne le prévienne même pas de son retour… Qu’est-ce qu’elle allait lui inventer, encore ? Malgré l’urgence qu’il sentait dans la voix de la fille Carsenac, il décida de finir le verre qu’il avait commencé. Après tout, il ne savait pas quand il en aurait le temps, n’est-ce pas ?

Grossière erreur. Deuxième cri, juron. Ca, c'était mauvais... Pour le coup, l’ancien mercenaire s’étouffa pour de bon et jaillit comme un diable du salon pour se précipiter, tout suffocant, vers l’entrée, où devait se tenir encore sa maîtresse. ‘Fin, sa patronne quoi. Arrivé dans la pièce en question, il se trouva effectivement face à elle. Ca d’vait pas être un bon jour, ça non… Pis il devait avoir encore empiré les choses, à finir son verre. Rofl… Ca lui apprendrait, tiens… Pas bon pour lui, la bouteille, la Sinda devait avoir quelque chose comme un sixième sens qui lui indiquait quand il faisait des écarts. Après s’être légèrement incliné (m’enfin, il avait l’échine raide, maint’nant, c’tait plus de son âge, les courbettes, disait-il en général pour s’en excuser en toute mauvaise foi), il entama, avant qu’elle ait le temps d’en rajouter une couche :


‘Jour, Sinda. Tu aurais pu me prévenir que tu revenais… J’t’aurais fait préparer tes appartements.

Ben oui, l’allait pas la vouvoyer non plus, il l’avait connue bâtarde au sort incertain à peine âgée de quelques jours, en lange, même pas foutue de s’défendre toute seule… Bien sûr, en public, il faisait beaucoup plus attention, mais en privé, elle était toujours un peu sa p’tiote, quelque chose comme sa nièce tant il avait été proche du père. Ca, l’aurait pas pu s’le permettre avec le cousin, l’aut’Bruenor, là… Le connaissait que depuis quelques mois, et encore… L’avait toujours pas compris comment les deux étaient apparentés. Ces affaires de famille, vraiment… Grommellement au bord des lèvres alors qu’il attend ce qu’elle va lui demander. C’pas bon signe, ces vêtements de voyage, cette absence totale de bagages. Va falloir bouger, encore, à tous les coups…
Revenir en haut Aller en bas
Sindanarie
Famille Carsenac
Sindanarie


Messages : 683
Localisation : Variable

Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant Empty
MessageSujet: Re: Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant   Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant EmptyMer 17 Fév - 8:36

[Une route tracée vers le Sud]

Il était bien là et déboula du fond du couloir comme une trombe, comme prévu. A ceci près qu’il était moitié en train de s’étrangler encore, elle devait l’avoir dérangé alors qu’il buvait Aristote savait quoi… Mais ce n’était probablement pas de l’eau ! Un léger sourire d’amusement se dessina sur les lèvres de la jeune femme. Ainsi donc, il fallait éviter de jurer pour qu’il reste calme ? Boudiou, c’était curieux, il vieillissait mal, l’Elric… Quand il était plus jeune et qu'il galopait encore fièrement sur son destrier (depuis longtemps passé dans un autre monde aujourd'hui), il était loin d'être le dernier à hurler grossièretés, jurons et chansons paillardes. A croire que devenir sédentaire le ramollissait ! Se forçant à reprendre un air presque sérieux, ce qu'elle pensa rater magistralement au vu de ses pensées précédentes, elle répondit à son intendant, sans cérémonie :

Salut, Elric. Si j’avais su que je passerais il y a deux jours, je t’aurais dit de préparer de quoi m’accueillir, mais d’une part je ne le savais pas, et d’autre part, je retourne bientôt à Sémur. En fait, j’y retourne dès ce soir, ce n’est pas tout près mine de rien… Et j’ai encore à faire là-bas. Bref. Autrement dit, je ne fais que passer, mais il faut que tout soit plié d’ici ce soir, quand je reprendrai la route.

Le préambule était confus, la conclusion n’était pas évidente. Comment aurait-il pu deviner ce qu’elle avait derrière la tête ? Autant lâcher le morceau tout de suite, non ? Autant lui dire ce qui l’attendait à (très) brève échéance… La fin de sa tranquillité, des habitudes qu’il prenait lentement à force de gérer les affaires courantes du domaine. Un léger sourire parcourut de nouveau les lèvres de la jeune femme. Bientôt il faudrait le traiter avec ménagement, cet homme… Bientôt il serait presque un vieillard. Le vent et les intempéries l’avaient érodé avant l’âge, les combats et les routes avaient buriné son visage et endurci son corps, et il avait résisté à tout, plus solide qu’un roc. Parfois, il lui semblait qu’il s’étiolait doucement à Viam. Après tout, il accueillerait peut-être avec joie l’idée de renouer avec ses anciennes habitudes, de rependre les chemins et de se lancer en aveugle dans une aventure, comme autrefois. Comme dans le groupe de mercenaires de son père, quand ils étaient plus jeunes, et comme à l’époque, un peu plus tard, où ils l’emmenaient avec eux. Se tirant une nouvelle fois des pensées qui menaçaient de reprendre leur cours indépendamment des circonstances (ce qui était une grande constante classique de la Sindanarie à l'état naturel, par déformation académique peut-être), la maîtresse des lieux reprit :

Oui, ce serait bien de te définir ce qu’est le tout qui doit être plié… En fait, c’est de tonneaux qu’il s’agit. J’ai besoin que tu rassembles autant de tonneaux de bière que peuvent en contenir deux charrettes et autant de tonneaux d’eau-de-vie et autres mirabelles qu’une charrette peut en transporter. Le tout doit être prêt et sur le départ quand je partirai ce soir.

Ca, c’était fait. L’essentiel était dit, le tableau se dessinait. Ils auraient besoin se s’organiser, le jour avançait, les minutes filaient et fondaient comme neige au Soleil. D’ailleurs, la propension de la jeune femme à prendre du retard ne cessait jamais de la surprendre elle-même… Voyant l’intendant tout prêt à repartir comme une trombe pour commencer à mettre en branle l’ensemble de la maisonnée, la jeune femme le retint par le bras, et continua rapidement, le temps de rattraper son attention :

Soit dit en passant, toi aussi, tu devras être prêt. Tu pars avec les charrettes vers le Sud, en Provence. Moi, je reviendrai en Limousin dans quelques jours, le temps de reprendre de quoi voyager, et je te rejoindrai là-bas. Sauf si je trouve une troupe qui pourrait m'amener aux frontières de la Provence, ce que je ne manquerais pas de te faire savoir.
Revenir en haut Aller en bas
Elric Lesang
Intendant des Cars [PNJ]
Elric Lesang


Messages : 38

Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant Empty
MessageSujet: Re: Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant   Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant EmptyMer 17 Fév - 10:14

Eh ben voilà, c’était bien ça, il y aurait du boulot à faire, et à faire avant le soir… Grommellement intérieur. Il s’y était fait, à la vie de château, c’était bien confortable, par moments. Le temps qu’elle se rende compte qu’elle n’avait pas vraiment été claire sur ce qu’elle voulait qu’il fasse (c’était caractéristique, les idées étaient peut-être claires dans la tête de la jeune Carsenac, mais elles n’étaient pas toujours clairement exprimées), Elric avait tout de même déjà eu le temps de passer de sa stupeur initiale pour se dire qu’après tout, il aurait là une occasion de bouger un peu et de coller un bon coup de pied au train du bon à rien des écuries. Ben oui, après tout, faut bien des chevaux pour tirer des charrettes, alors le palefrenier serait le premier bouc émissaire. M’enfin, la Dame, comme il s’astreignait à l’appeler en public, avait finalement développé ce qu’elle voulait, et… Stupeur derechef. Quoi ? Des charrettes remplies d’alcool ? Il en manquait donc à Sémur ? L’avait des idées bizarres, la Sinda, par moments.

Il allait s’en retourner, sur un signe de tête qui marquait sa compréhension de ce qu’il avait à faire, quand elle le retint par le bas. Le sourire bourru qui passa comme un coup de vent sur le visage de l’intendant (commençait à prendre de la force, la p’tiote, ça lui avait pas fait d’mal l’armée) se fana instantanément quand Sindanarie reprit la parole. Le coup des charrettes, passe. Le coup des charrettes prêtes avant le soir, passe. Mais ça, du diable s’il s’y attendait ! La Provence ? Mais elle était dingue, c’tait pas possible ça, ça tapait dans tous les sens là-bas, on ne pouvait même pas savoir ce qu’il s’y passait réellement, les uns affirmant tout et les autres le contraire… Elle était devenue folle, y’avait pas à tortiller. A moins que le sang paternel ne reprenne totalement le dessus et qu’elle veuille aller s’y faire massacrer. Ca non plus, ce n’était pas impossible.

De toute façon, ça ne servait à rien de lui résister, alors autant faire ce qu’elle demandait. Avec un peu de chance, elle aurait changé d’avis dans quelques instants. Même si ça ne lui ressemblait pas… Absolument pas. Alors autant faire ce qu’elle demandait, et sans résister. Pis ce serait une occasion de ne pas s’encrouter. C’était peut-être pas si mauvais que ça en avait l’air à première vue… En fait, elle prenait soin de lui, mine de rien, la fille Carsenac. Acquiesçant finalement, le presque vieux mercenaire se dégagea et sortit du château. Direction, les écuries.


[Pérégrinations dans le domaine, partie 1]

Et hop, direction les écuries d’abord… Faudrait réveiller l’aut’abruti d’palefrenier. Dormait toujours quand on avait besoin d’lui, forcément. Alors ça prenait du temps de lui faire faire quelque chose, le temps qu’il émerge. D’ailleurs, ça ne rata pas, quand l’intendant bougonnant parvint auxdites écuries et entra dans le domaine du palefrenier, il ne vit pas âme qui vive jusqu’à ce qu’il aperçoive une paire de bottes dépassant d’un tas de paille. L’aurait mérité qu’il fasse asseoir l’un des chevaux de trait dessus, tiens… Fainéant, c’pas possible ça ! Au lieu d’asseoir sur les pieds du dormeur l’un des chevaux à charrette, à charrue ou autres joyeusetés à trainer, Elric lui décocha un coup de pied pas piqué des vers, et, se penchant et s’arc-boutant pour le tirer de son tas de paille (c’est qu’il avait encore de la force, le vieux mercenaire), lui hurla au visage, histoire de le réveiller une bonne fois pour toutes :

Bougre d’âne, tu m’prépares les trois rosses à charrue pour ce soir ! Pis tu vérifies les roues des charrettes, et les charrettes dans la foulée ! Et plus vite que ça, naméo, tu crois qu’tu peux dormir comme ça quand la Dame s’pointe au château ?

Tant qu’il y était, autant en rajouter un peu, non ? Il savait bien que la p’tiote n’était pas cruelle avec son monde, mais il pouvait faire semblant. Ca n’lui f’rait pas d’mal de s’faire un peu respecter, hein ? Trop gentille, c’était ça son problème. Elle avait de la poigne quand il fallait, mais elle était trop gentille. En général. Et quand elle ne l’était plus, c’était dangereux.
Revenir en haut Aller en bas
Sindanarie
Famille Carsenac
Sindanarie


Messages : 683
Localisation : Variable

Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant Empty
MessageSujet: Re: Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant   Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant EmptyMer 17 Fév - 13:14

[En attendant, préparatifs personnels et interruptions en tous genres]

Elric n’avait pas eu l’air franchement convaincu par son futur voyage, mais il savait bien qu’il n’y couperait pas. En ce sens, elle avait un peu hérité d’Eleuthère, elle était une authentique bourrique par moments… On avait eu beau lui dire de ne pas partir en Provence, elle ferait tout de même route vers ce coin-là. Bien sûr, elle ne s’engagerait pas dans les combats, mais elle serait à proximité, des fois que le cousin ait besoin d’aide. Et Elric serait là pour faire la navette entre eux. Il allait probablement détester ce rôle, mais il n’avait pas vraiment le choix. Enfin, si, il pouvait toujours prendre la tangente avec les tonneaux, mais il savait qu’elle trouverait bien un moyen de savoir ce qui s’était passé. Bref, elle l’avait laissé partir pour remplir sa mission de préparation, et elle-même quitta l’entrée pour rejoindre son « salon privé », comme elle le surnommait ironiquement.

Mais le salon ne fut qu’une étape bien courte. Bientôt, bien trop tôt à son goût, à peine après qu’elle ait laissé tomber sa besace à terre et qu’elle se soit enfin posée, après sa longue chevauchée, dans un fauteuil digne de ce nom, un des gardes qui officiaient au poste de garde (forcément) arrivait en tenant un jeune homme par le collet.


Vous l’connaissez, c’lascar ?

Un regard suffit à la jeune femme pour déterminer la provenance de l’individu. Le visage lui était connu. C’était celui qui avait annoncé l’arrivée d’Argael, en pestant et jurant dans les couloirs. Il restait généralement à Paris, même s’il faisait parfois des courses pour eux. L’habit était caractéristique, vraiment le garde manquait de mémoire…

C’est bon. Il est de l’Académie. Vous devriez connaître au moins cette livrée, à force de la voir passer…

Ben, on est jamais trop prudent, hein, Dame ?

Sur un signe de tête résigné, le garde repartit vers ses pénates, laissant le page de l’Académie face à Sindanarie. Sur une courbette, il s’avança légèrement, avant de tendre un pli à l’Académicienne. Devant son regard interrogatif, il crut bon de préciser :

C’était trop important pour que la Grande Académicienne le confie à un pigeon, alors c’est moi qui ai voyagé…

Important ? Aristote, ce serait déjà ça ? Le vote était déjà achevé ? Quand elle était partie de Paris pour la dernière fois, c’était loin d’être terminé, pourtant… Décachetant d’un geste sûr la missive, elle parcourut rapidement les quelques lignes qui couvraient le parchemin. Ainsi, ce serait elle qui prendrait la relève, après le vote de ses collègues… C’était elle qui servirait de figure de proue aux Immortels pour quelques mois. Ils avaient jugé qu’elle serait à même de les mener et de faire connaître l’Académie. Et bien, soit. S’ils (enfin, elles, puisque les votants, d’après le pli, avaient uniquement été les Académiciennes... Les hommes Académiciens semblaient se ramollir quelque peu, soit dit sans mauvais jeu de mots) avaient accepté sa candidature, c’était qu’elle en était capable. Mais, puisque c’était désormais dans ces conditions que le Grand Académicien était élu, il lui fallait se plier à une dernière formalité… L’on verrait bien si cela serait ou non réjouissant. Et elle espérait sincèrement que cela ne durerait pas aussi longtemps que dans le cas de la malheureuse Arielle et de ses prédécesseurs.

Sur un nouveau signe de tête agrémenté d’un sourire sincère (car, malgré la charge que ce poste allait représenter, la jeune femme s’estimait plus qu’heureuse de son sort), Sindanarie reprit :


Je vous remercie de m’avoir porté cette missive. Avant de repartir vers Paris, passez aux cuisines pour manger un morceau, et n’hésitez pas à demander qu’on vous trouve un endroit où vous reposer.

Le page battit en retraite, manifestement soulagé. Seule de nouveau, la jeune femme se releva et se dirigea vers le guéridon sur lequel elle attrapa la plume et l’encrier qui y restaient toujours. A présent, il fallait écrire à Nebisa. En espérant qu’elle réponde… C’était très occupé, un Grand Chambellan de France. Même quand il s’agissait de répondre au presque dirigeant – en l’occurrence, à la presque future dirigeante – d’une institution passée sous son autorité de Grand Officier (puisque tel était le cas depuis quelque temps).
Revenir en haut Aller en bas
Elric Lesang
Intendant des Cars [PNJ]
Elric Lesang


Messages : 38

Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant Empty
MessageSujet: Re: Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant   Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant EmptyMer 17 Fév - 15:44

[Pérégrinations dans le domaine, partie 2 : suite et fin]

Hop, le tour aux écuries, c’était réglé. Restait à faire rouler les barriques hors de la cave. Pis fallait passer aux cuisines, parce que s’il partait, faudrait bien qu’il graille de temps en temps. Pis restait aussi à rassembler ses affaires. Pis fallait trouver les cochers, parce que se pastiller trois charrettes à conduire, c’était tout simplement pas possible. Alors, quoi faire en premier ? L’un, l’autre, le troisième, le dernier (mais pas le moindre) ? Tout en même temps ? Comment faire d’une pierre deux coups ? Une séance de réflexion pas si intense que ça plus tard, l’intendant faisait route toutes voiles dehors vers les cuisines. Non seulement parce que manger, c’était vital, mais aussi parce qu’il avait toutes chances de trouver des candidats cochers ou autres villageois de Viam là-bas. Comme la Dame n’était pas franchement radine, ça se savait et on venait volontiers y demander de la nourriture en cas de besoin. Donc, en échange de nourriture, un peu d’aventure… C’était pas mal, ça, faudrait qu’il s’en souvienne, ça ferait peut-être une bonne accroche !

Toutes voiles dehors donc, Elric déboula dans la cuisine pour tomber nez à nez avec un espèce de maigrelet qui engloutissait une épaisse tranche de pain. L’avait une curieuse livrée, le petit. Livrée parisienne, hmmm ? L’avait d’jà vu quelque part. Rah, quoi, c’était encore cette Académie qui poursuivait sa p’tiote ? C’tait pas possible, mais qu’est-ce qu’elle trouvait à tous ces bouquins, d’abord ? C’tait pas comme ça qu’son père l’avait éduquée, c’était bon pour les courtisans tout ça… Ignorant allègrement le Parisien, il fondit sur la cuisinière et lui lança :


Ma belle, j’ai b’soin de pitance pour une bonne grosse semaine pour quat’personnes, t’as jusqu’à la fin de c’t’après-midi pour avoir assez de pain et de viande…

Ayant pris le temps de lui coller un gros baiser dans le cou et une main un peu (beaucoup) plus bas (car l’Elric était encore vert, quoi qu’aient pu en dire les mauvaises langues), il repassait la porte à toute vitesse avant de se raviser et, quitte à affronter les foudres de la cuisinière, rentrait dans le bâtiment. Moui, c’tait bien c’qu’il pensait, il s’était focalisé sur le maigrelet alors qu’il y avait quelques gars costauds par derrière. Eux, c’étaient des gardes, il les connaissait. Des gardes, pas mal ça, ils savaient se battre, ils savaient obéir et ils avaient toujours envie de bouger. ‘Fin presque. Bref, c’étaient des recrues cochers parfaites ! en désignant trois au hasard, il lança à pleins poumons pour se faire entendre malgré le brouhaha du lieu :

Toi, toi et toi, vous m’suivez ! On part ce soir en Provence, vous m’prenez vot’paquetage et ouste ! Aux écuries pour voir où en est l’aut’palelefrenier avec les chevaux. Vous lui faites sortir les trois irlandais pour les charrettes, et vous lui rappelez bien d’vérifier les charrettes. Pis une fois qu’vous aurez vérifié qu’tout va bien là-bas, vous m’retrouvez au château pour rouler des tonneaux hors de la cave. Si quelque chose foire, j’vous étrille moi-même ! Hop, exécution !

Et il repartit, après avoir soufflé un baiser et adressé un clin d’œil coquin à « sa » cuisinière, confiant que sa réputation de mercenaire violent survivait dans les pierres de Viam (sans oublier qu’il était véritablement le maître des lieux quand la Dame et, en second rang, son cousin n’étaient pas là) et qu’à ce titre les gardes suivraient son ordre à la lettre. Et, à toute vitesse de nouveau, il fonça vers son logis, adossé aux murailles du château, à l’intérieur de son enceinte. Ce s’rait rapide de prendre c’qu’il lui fallait pour un voyage, même d’une durée indéterminée. Il était bien moins pointilleux que la p’tiote sur l’hygiène, et il voyageait de toute façon très léger. Il aurait b’soin d’quoi ?

Regard de mercenaire enfin réveillé qui parcourt la pièce qui fait son logis. Du côté d’son lit… Oui, forcément, quelques vêtements, jetés en boule dans un coffre. Et là, sur sa tabl, l’épée et les poignards. Pis l’arc, quand même, on n’était jamais assez prudent. C’était un de ses regrets, que la p’tiote ne tire pas volontiers à l’arc. L’avait toujours préféré l’épée… ‘Fin, comme elle n’était pas du tout mauvaise, la situation leur convenait plutôt pas mal, finalement. Bon, vêtements, armes. B’soin d’aut’chose ? Balayage de la pièce des yeux. Moarf, non, rien d’essentiel… Il pouvait reprendre les routes avec ça. En deux temps trois mouvements, les vêtements étaient compressés dans un sac, l’arc était passé dans son dos, l’épée à sa ceinture, et les poignards étaient serrés dans son poing. Et, dans cet accoutrement, il rentra au château d’un pas martial, droit comme la Justice, fier comme avant. Comme autrefois. Le sang de sa jeunesse coulait de nouveau dans ses veines, plus léger, enivrant, à la seule idée de ce voyage dans une terre en guerre.
Revenir en haut Aller en bas
Sindanarie
Famille Carsenac
Sindanarie


Messages : 683
Localisation : Variable

Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant Empty
MessageSujet: Re: Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant   Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant EmptyJeu 18 Fév - 10:14

[Seconde interruption : quand un intendant à l’allure martiale empêche la rédaction d’une lettre]

Les mots étaient rapidement venus, la lettre rapidement rédigée. Et voilà le courrier pour Nebisa, plié, cacheté… Enfin, pas vraiment cacheté, puisqu’elle n’avait pas de sceau pour l’instant, malgré la demande faite à la Chapelle des Hérauts. Cela prendrait le temps que cela prendrait pour en avoir un, mais comme elle n’était pas pressée, cela ne la gênait pas outre mesure de cacheter les lettres qu’elle envoyait de quelques gouttes de cire brute. C’était là un détail, une contingence qui n’avait d’influence sur presque rien. La signature suffisait pour connaître et reconnaître l’expéditeur (ou plutôt, en l’occurrence, l’expéditrice) d’un pli. Bref, ayant rempli ce premier devoir, puisqu’il fallait bien en passer par là pour être officiellement investie des fonctions que les Immortels lui avaient confiées, la jeune femme se renfonça dans le fauteuil qu’elle occupait, laissant plume, encre et parchemin trainer sur la table basse devant elle.

Elric devait être en train de préparer son voyage et de secouer les puces de l’ensemble du domaine. Elle lui faisait confiance, et savait que les années qu’il avait passées à suivre son père lui avaient laissé un solide sens de l’organisation et de la logistique. Ce qui, en soi, était extrêmement pratique, et lui donnait toute confiance en sa gestion des terres de Viam en son absence. Tirant une liasse de parchemins de sa besace, elle entreprit de les trier. Lettes reçues avant qu’elle ne parte de Sémur, déposée à l’auberge où elle résidait par des Sémurois ou envoyées par d’autres Bourguignons. En soi, elle n’avait pas beaucoup de réponses à rédiger, même si deux lettres se détachaient, l’une d’Amellia, l’autre d’un homme d’agréable compagnie. Les deux demandaient des nouvelles, Amellia précisant qu’elle était malade, et l’homme donnant des nouvelles d’un voyage à Autun. Entre les deux, Sindanarie hésitait entre celle à laquelle il fallait en priorité donner réponse, et opta finalement pour celle de sa jeune amie, gardant la seconde pour la fin.

En fait, elle n’eut pas le temps de commencer à rédiger ses missives. Un pas assuré résonna dans le couloir, sonnant le glas de sa tranquillité momentanée. Un pas bien connu, d’ailleurs. Déjà là ? Il ne perdait pas une seconde, celui-là… Se relevant d’un bloc, la maîtresse des lieux quitta le salon pour aller à la rencontre de son intendant. Il était paré… Cela sautait aux yeux. Arc, avec des flèches probablement cachées dans le grand sac qu’il tenait et qui devait contenir quelques affaires de rechange, épée au flanc, poignards à la main. Il ne lui manquait plus que le cheval et il serait sur le pied de guerre. En espérant qu’il n’ait pas retrouvé que son allure d’antan, et qu’il ait conservé un minimum de ses capacités… Car là où elle l’envoyait, il aurait sans doute besoin de savoir se défendre. Même si elle l’envoyait vers des personnes qu’elle espérait relativement pacifiques à son endroit. Cela dit, il n’était pas impossible que la vue des tonneaux dans les charrettes adoucisse leurs mœurs… Au moins temporairement.


Tu as déjà tout ce qu’il te faut ?

C’était presque autant une constatation qu’une question. Cela sautait aux yeux, il étai prêt, plus que prêt. D’ailleurs, sans lui laisser le temps de répondre, la jeune femme poursuivait :

Tu t’es déjà arrangé pour l’alcool, les charrettes, les chevaux ? Tu t’es trouvé de la compagnie, aussi ? Ca m’embêterait beaucoup que tu fasses la route seul, les chemins ne sont probablement pas sûrs, et ce que tu transporteras peut être assez alléchant…

C’était peut-être, c’était sans aucun doute un tort de s’inquiéter pour lui, il en avait vu de pires avec les Lames Brisées, mais il avait vieilli… Et comme on s’inquiète pour la famille, on s’inquiète aussi pour ceux qui ont été un substitut de famille. Avant de savoir qu’elle avait un cousin de sang, elle n’avait eu que les anciennes Lames Brisées pour parents à la mort de son père. Un à un ils s’étaient quittés, jusqu’à ce qu’elle parte et s’installe à Guéret, perdant contact avec tous, sauf avec Elric. Et encore, ils ne se donnaient que rarement des nouvelles, surtout quand elle avait traversé sa période « politique » ; et quand ils s’en donnaient, c’était plutôt des nouvelles basiques et succinctes : « Je suis en vie », « Tout va bien », « Un ami vient de mourir », « J’ai été blessée, mais ça ira ». Presque rien, en somme… Assez cependant pour garder le contact, de très loin en très loin. Mais quand on lui avait accordé Viam, elle l’avait rappelé, sans lui demander ce qu’il était au juste devenu pendant tout ce temps, ni ce qu’il avait fait. Peu lui importait. Il était toujours, il avait toujours été quelque chose comme un oncle ou un parrain. Et elle lui faisait aveuglément confiance.
Revenir en haut Aller en bas
Elric Lesang
Intendant des Cars [PNJ]
Elric Lesang


Messages : 38

Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant Empty
MessageSujet: Re: Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant   Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant EmptyLun 22 Fév - 10:31

Evidemment, la p’tiote était sortie de son repère dès qu’elle l’avait entendu. Elle avait toujours été comme ça, à se précipiter au devant des gens qui venaient à elle. Sauf dans le cas de ses amants, ou de certains d’entre eux, ou de potentiels amants. Mais c’était pas le sujet, et Elric se sentit bientôt scruté. L’examen de son accoutrement lui arracha un sourire amusé. Quoi, elle pensait qu’il avait perdu la main ? M’enfin, on n’avait pas idée… Lui, perdre la main ? C’était tout son attirail du temps d’Eleuthère qu’il avait gardé, qui gardait toujours dans son logis. En souvenir, et parce que c’étaient ses meilleures – et seules – armes. Celles qu’il connaissait par cœur. Mais oui, manifestement, elle croyait qu’il perdait la main ! Par la peste c’tait pas possible ça ! Qu’es-ce qu’ils avaient, les jeunes, à croire que leurs ainés n’étaient pas capables de se débrouiller pour s’organiser, et pour organiser un voyage ?

Grommellement bourru démenti par le sourire de l’intendant, qui domine la p’tiote de peu :


Tu m’prends pour qui ? Bien sûr, j’me suis occupé des transports, pis des ch’vaux. Pis d’la nourriture, tant qu’j’y étais, faudrait être dingue pour partir sans rien. Et j’me suis même trouvé trois gardes qui trainaient bêt’ment à la cuisine à rien fout… faire, sont partis vérifier qu’le palefrenier fait bien son boulot. T’inquiète pas, ça dégarnira pas l’château, pis d’toute façon, t’es plutôt appréciée ici, tu risques pas d’révolte, foi d’Elric !

Bon, y’avait plus rien à rajouter sur le sujet. Alors que rajouter, en attendant le départ ? Ca n’avait pas pris tant de temps que ça, après tout. S’était passé quoi, d’puis l’arrivée de la Dame ? Une heure, deux ? Il allait falloir meubler… Le soir était encore assez loin, il restait toute une après-midi. Au moins l’temps qu’les gardes reviennent pour rouler les tonneaux hors des caves, ça en ferait défiler une bonne partie. Déjà, il n'les sentait pas, ces lascars-là, z'avaient l'air un peu mous et pas bien réveillés, bien alcoolisés en prime, et puis... Du diable s’il savait comment ils feraient pour sortir les tonneaux. Enfin, ça, à la limite, peu lui importait. Si ces tonneaux pouvaient entrer, ils pouvaient bien sortir, et les zigs se débrouilleraient. Mais il faudrait qu'ils s'débrouillent dans les temps impartis, c'qui ne s'rait pas de la tartelette, à tous les coups. Posant son barda à terre, Elric reprit :

Dis-moi un peu qui j’vais voir. C’pas des gens de ton Ordre, sinon tu s’rais déjà avec eux. Tu les connais d’où ? E pourquoi tu veux les ravitailler ? J’vais avoir besoin d’tous les détails sur eux, en tout cas, pour savoir à qui j’dois m’adresser là-bas.

Se ravisant un instant, il reprit son paquetage et désigna la porte de laquelle Sindanarie avait jailli.

On s'ra mieux là-d'dans, si c'est une longue histoire. 'Fin, même si elle est courte on s'ra mieux.

Et sans même attendre sa réponse, il entraine la p'tiote dans son antre, la laisse s'installer dans son fauteuil, et prend celui qui lui fait face, jetant au passage un coup d'oeil amusé à la cornemuse. Alors, c'tait quoi, c't'affaire provençale ? L'allait pas le laisser se jeter dans l'inconnu sans filet, hein ? Ca lui r'semblait pas, à la p'tiote, d'toute façon. Elle allait tout lui dire, il le savait.
Revenir en haut Aller en bas
Sindanarie
Famille Carsenac
Sindanarie


Messages : 683
Localisation : Variable

Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant Empty
MessageSujet: Re: Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant   Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant EmptyMar 23 Fév - 11:44

[Explications : le pourquoi du comment]

Il avait pensé à tout, elle aurait dû le savoir. Et, comme elle s’y attendait un peu, il voulait savoir pourquoi il partait. C’était bien normal. Elle allait probablement le jeter dans un enfer comparable à celui de la Bretagne, un enfer aux routes gardées par des armées fauchant tout sur leur passage, amis, ennemis, simples voyageurs, un enfer de sang et de larmes, un enfer de hurlements vengeurs et de cris d’agonie. Et elle envoyait là-bas celui qui avait presque pris la place du père disparu… Folie. Elle l’envoyait ravitailler des soldats, des mercenaires, qui se battaient pour le Roy. Oui, en soi, c’était ça, le résumé de l’affaire. Et puis c’était avec eux que Bruenor était part se battre, et avec eux qu’elle avait partagé des moments agréables et détendus autour d’un feu, à boire de la bière et à dormir à la belle étoile. Mais, malgré l’ambiance chaleureuse du feu de camp, elle ne pouvait le nier, envoyer Elric là-bas avait un autre but que d’être agréable aux amis de son cousin. Se rappeler au souvenir de quelqu’un. De quelqu’un qui l’avait déjà rayée de sa mémoire, à coup sûr. Elle n’était pas de celles dont on se souvenait, dont des hommes comme lui se souvenaient.

Elle s’était laissée entrainer sans un mot dans le salon, toute à ses pensées. Ce ne fut que lorsqu’elle s’installa dans le fauteuil qu’elle occupait quelques instants auparavant qu’elle sembla retrouver l’usage de sa langue.


Tu vas ravitailler l’armée Memento Mori, commandée par Namayacush de Salmo Salar. Tu dois te souvenir du nom de sa femme… C’est Alcyone, l’ancienne Régnante, celle de la guerre contre le Berry. Donc, c’est leur armée que tu ravitailles. Ce sont des mercenaires qui se battent du côté du Roy. Ils apprécient l’alcool et pourraient épuiser leurs réserves et tomber à court, sait-on jamais, après une mauvaise nuit ou de mauvaises surprises. Viam contient plus d’alcool que le village ne peut en écluser en deux mois, et produit en permanence, d’où les charrettes à envoyer. La dernière fois que j’ai eu de leurs nouvelles, ils campaient du côté d’Arles. C’est peut-être encore le cas. Tout ce qui est sûr, c’est que la région entière est instable et que tout le monde se bat absolument partout. Autrement dit, tu vas devoir te faire petite souris et passer entre les lignes. Une fois que tu seras là-bas, tu te présenteras à l’entrée du camp. Il sera sans doute gardé. Pour passer, une des solutions serait de hurler « Baston ! » d’un air martial, mais je ne suis pas sûre que ça marche venant de toi, au contraire. S’ils te prennent pour un imposteur, ils te feront manger les pissenlits par la racine.

Un sourire pensif au souvenir du chauve et de l’ours hurlant de concert et faisant hurler avec eux Ninon. Bons moments, oui, aucun doute…

Bref, tu leur diras plutôt que tu viens de ma part, je coris qu’ils ont pris l’habitude de me voir et qu’ils connaissent mon nom à force de m’avoir vu aller et venir autour du feu, et tu demandes à voir Ninon, Sofio, Waylander ou Bruenor. Une fois qu’on t’a mené à eux, tu te présentes, tu leur laisses les charrettes, et tu files. Pas la peine que tu t’attardes là-bas. Ce serait trop dangereux. Assure-toi aussi que les gardes que tu as pris pour cochers repartent avec toi, ne les laisse pas là-bas. Aucun représentant de Viam ne doit rester là-bas. Bruenor y est en son nom propre, mais ma propre garde ne pourrait y être que pour moi et c’est hors de question. S’ils veulent rester, indique leur que ce n’est pas la peine de revenir à Viam.

Le presque vieil intendant avait senti qu’il y avait autre chose, et il avait raison. Là s’arrêtait l’histoire officielle, et là commençait l’histoire officieuse. L’histoire d’une imbécile qui s’était émue comme une adolescente, qui s’était embrasée comme un sapin, perdant brasille après étincelle, s’épuisant d’elle-même, en perdant le sens du jour et de la nuit, aveuglée sans cesse par cette lumière. L’histoire fut contée en peu de mots. Voilà, Elric, quelle était la véritable histoire de cet envoi en Provence. Ce n’était pas pour eux. C’était autre chose. Un message. Un souvenir. Une désespérance, car elle savait ne rien devoir en espérer. Il était promis, le mariage était arrangé, et ce serait pour le mois qui suivrait. Certes, il était de mœurs légères, elle avait pu le constater, mais il était promis, même s’il avait essayé de faire surveiller sa promise pour en savoir plus sur elle. Le soupir n’était pas feint, non plus que le voile jeté sur le visage ou l’océan qui avait tenté de submerger les émeraudes. Sur une grande inspiration, la maîtresse des lieux tenta de rependre le contrôle d’elle-même et articula, d’une voix sourde :

Si lui ou qui que ce soit d’autre demande pourquoi tu viens, tu t’en tiens à ce que je t’ai d’abord raconté. Tu ravitailles les amis de Bruenor en bière, mirabelle et autres eaux de vie. Tu omets systématiquement de répondre à toute question sur lui. Tu nies si on te demande quelque chose sur, disons, mes sentiments. Je t’interdis de laisser planer le moindre doute explicite à ce sujet, même si tu ne peux pas les empêcher de penser. Tu nies si on te demande si tu es porteur d’un message pour lui. De fait, tu ne l’es pas. S’il te demande quoi que ce soit sur moi… Dis-lui juste que je trouverai bien un jour un moyen de me faire tuer. Réponse valable pour tous ceux qui te poseront une question de ce genre. Compris ?

Le ton avait retrouvé un peu de sa fermeté, mais restait fragile. La jeune femme appuya la tête sur le haut dossier du fauteuil et ferma les yeux. De toute façon… Il était peut-être déjà mort. Et rien de ce qu’elle aurait pu dire ou faire n’aurait changé quoi que ce soit à son avenir proche, tellement proche à présent… Alors elle se noierait ailleurs pour éteindre sa flamme, même si les larmes ne pouvaient fournir des armes contre ce feu. Elle trouverait bien… Mais il fallait prépare ces charrettes. Elric saurait s’en occuper…
Revenir en haut Aller en bas
Elric Lesang
Intendant des Cars [PNJ]
Elric Lesang


Messages : 38

Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant Empty
MessageSujet: Re: Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant   Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant EmptyLun 1 Mar - 12:12

Installé confortablement, il écoute l’histoire. D’abord l’histoire officielle, mais quelque chose coche. Ca n’tourne pas bien rond, c’t’affaire-là. C’est pas l’genre de la p’tiote. En général, elle s’tenait nettement en retrait ou fonçait nettement dans l’tas, elle f’sait pas d’compromis bancal comme celui-là. Non, y’avait quelque chose d’autre. Et ce quelque chose d’autre, elle lui exposa finalement, dans un souffle, le véritable motif de ce voyage. Un compromis en forme de semi-compromission, aurait-il pensé s’il avait eu l’esprit un peu facétieux à cet instant. Mais ce n’était pas le cas. Il savait combien la jeune femme qui lui faisait face avait déjà été éprouvée, et il se doutait que cette affaire-là l’avait ébranlée plus qu’elle n le laisserait paraître. Pour preuves, ce visage fermé, cet air perdu, ces larmes qui menaçaient. Ca, c’était celle qu’elle avait toujours été. Trop passionnée pour faire la part des choses, trop emportée, trop prompte en matière de sentiments. Elle était comme Eleuthère. Lui, le mercenaire qui menait les Lames Brisées, n’avait pu résister à la fille de la maison d’Elicahre, donnant naissance à la p’tiote. Elle, la fille des Lames Brisées, n’avait su résister à l’attrait d’un baron brigand. Curieux, comme l’histoire avait tendance à se répéter…

Elric resta un instant sans bouger, le regard posé sur la jeune Dame qui luttait contre elle-même. Lutte finalement emportée, car elle releva les yeux vers lui et lui donna une nouvelle série de consignes, précises, nettes. Hochement de tête de l’intendant. Oui, c’était compris. En fait, c’tait évident qu’elle lui dirait de faire comme ça, et même si elle ne lui avait pas donné ces consignes, il les aurait appliquées. Par habitude. Le messager d’Eleuthère et de la fille d’Elicahre savait ne rien révéler. Il savait se taire. Il était plus muet qu’un cimetière entier, pour rependre les mots de la maîtresse des lieux, tant à propos de l’ancien mercenaire que d’elle-même. En cela, ils se ressemblaient un peu. C’était peut-être pour ça qu’ils étaient restés en contact. Et parce qu’elle trouvait en lui un réservoir de force quand elle avait l’impression d’en manquer.


Oublie-le, ma p’tiote… Oublie-le. Ne pars pas trop vite là-bas. Laisse-moi y aller, et reste en arrière. Reste encore un peu à Sémur. Ca vaudra sans doute mieux… J’m’occupe de tout. Et j’te promets que tout ira bien et que je resterai muet à ce sujet.

Un presque vieil intendant levé d’un bloc. Deux longues enjambées dans le salon. Bécot plaqué sur le front de la p’tiote. Elle sentait encore le cheval, le cuir, la laine, et le fer. Elle sentait le soldat en vadrouille. Elle sentait aussi le sel… Câlin à la Guéretoise. Deux bras encore puissants passés autour de la jeune femme, qui la serrent contre le solide intendant. Elle n’était pas aussi fragile qu’elle en avait l’air à cet instant. Malgré sa minceur, excessive pour les canons de beauté du temps, il la savait forte, à la fois de corps et d’esprit. Il savait qu’elle n’avait pas besoin d’être protégée, mais qu’en revanche elle avait besoin, parfois, de soutien. Comme à la mort du Lieutenant. Et comme en ce moment. Mais aussi, quelle idée de s’enticher d’un homme qui sentait à quel point son esprit était libre, à quel point elle aimait sa liberté, et qui lui disait entre deux baisers qu’il ne « se prendrait pas d’une passion déraisonnable pour elle en un soir », inconscient de l’abandon que représentaient déjà ces baisers pour la jeune femme… Qu’importait. Etreinte ferme, juste assez longtemps pour qu’elle sache qu’il serait là tant qu’elle aurait besoin de lui, finalement relâchée.

Tout ira bien. Ne t’inquiète surtout pas. Va te poser dans tes appartements, repose-toi.

Pouvait pas lui dire que ça l’atteignait comme ça aurait atteint son père d’la voir dans cet état. Pouvait pas lui dire qu’il comprenait. Pouvait pas dire non plus que, lorsque son père était mort, il s’était senti l’âme de prendre sa place, parce qu’il l’avait toujours adorée, sa p’tiote, une des seuls présences féminines dans son monde de fer et de sang. Alors il sortit sur un poutou, comme elle disait, et tonitrua :

Ca vient, ces tonneaux ?

Et ses pas s’éloignèrent du salon, où l’attendait son paquetage. Excellent motif pour y revenir et voir l’état des troupes, une fois c’t’affaire de tonneaux e de charrettes résolue.

[L’affaire des tonneaux, partie 1]

Direction l’extérieur. Les bougres de gardes d’vaient bien être quelque part, hmmm ? C’tait pas pour dire, mais ils mettaient l’temps qu’il fallait pour savoir si l’aut’palefrenier f’sait bien son boulot. Z’étaient même bien longs… Et comme il n’était pas patient pour deux sous, l’Elric, il allait falloir qu’il les rappelle à l’ordre, ces deux fainéants. Et puis il attendait depuis au moins une minute devant l’entrée du château… Alors il n’y avait qu’une solution, forcément : le retonitruation. Parfaitement. Et cela se traduisait ainsi :

B… de vingt diables, qu’est-c’qu’vous m’foutez, bande d’dégénérés ? Sont où, les tonneaux ?

La retonitruation était donc, pour Elric Lesang, la répétition, formulée avec autant de grossièretés que possible, d’un ordre déjà aboyé sous forme de hurlement nettement articulé mais beuglé de telle sorte que nul dans un rayon d’environ une lieue (grossissons un peu pour l’exemple) ne puisse affirmer ne rien avoir entendu. Et il ne restait plus qu’à attendre le résultat de ladite retonitruation, c’est-à-dire que les trois glandus de gardes de *%$£¤ daignent pointer l’bout d’leur nez. Et une fois qu’ils s’raient là, les choses sérieuses allaient pouvoir commencer. Le roulage des tonneaux…
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant Empty
MessageSujet: Re: Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant   Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Préparatifs : de l'art d'annoncer un voyage à un intendant
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Famille Carsenac et de Rumet-Carsenac :: Seigneurie de Viam :: Le Domaine seigneurial :: Le château :: L'entrée-
Sauter vers: