Kaeronn pénétra dans ce qui s’apparentait à un vestibule. Ou du moins, lui le voyait comme cela. Il n’allait que très rarement dans d’aussi grandes demeures. Et même si ici, la demeure ne semblait pas extrêmement luxueuse et gigantesque, c’était déjà beaucoup pour lui. Une fenêtre à gauche, une autre à droite. Environ deux mètres entre le rebord et le sol. Deux corridors, sans portes pour les obstruer, se dressaient devant lui, invitant l’étranger à découvrir des lieux encore mystérieux. Toutes portes fermées. Aucune autre présence que lui.
Bon sang , marmonne le tonnerrois pour lui-même. Arrête moi ces réflexes.
Trois solutions d’offrent à lui. La première, qui semble la plus sage, est d’attendre l’intendant ici même, dans l’un des fauteuils meublant la petite pièce qui lui faisait maintenant penser à une antichambre. La deuxième solution, la plus tentante, serait de partir à la découverte de chaque pièce du château, en ouvrant les portes les unes après les autres. Bon, très impoli, surtout quand le propriétaire des lieux (en l’absence de la dame de Viam évidemment) faisait autant confiance à un inconnu. Sinon, restait la dernière solution, trouver une chambre et s’y reposer un instant en attendant qu’Elric revienne des écuries.
Discuter était quelque chose d’essentiel dans la vie de Kaeronn, et il n’aurait jamais pu se résoudre à faire le moine, ne serait-ce qu’une journée. De plus, l’intendant avait attisé un peu plus encore sa curiosité en lui donnant autant de confiance. Il voulait savoir si Sindanarie avait parlé de lui à l’homme, et si la réponse était positive, pourquoi donc. Une dame parlant ainsi à son intendant, c’était… louche ? Un petit sourire vint étirer les lèvres de Kaeronn. Ce n’était pas louche évidemment. C’était seulement peu courant. Sindanarie réussissait à chaque fois à l’étonner un peu plus depuis qu’il s’était arrêté au petit village de Viam.
Et ça se trouve, tu te trompes totalement. Elle ne lui a jamais parlé de toi, et le vieux bonhomme a juste confiance aux personnes se présentant ici.
Que préférait-il ? Qu’elle eut parlé de lui ? Question d’orgueil ? C’était pitoyable, mais il savait au fond de lui-même qu’il serait touché si Sindanarie avait parlé de lui à l’intendant. Et il n’aimait pas tellement l’idée de penser cela.
La première chambre…
Il venait de s’arrêter net devant une porte. Peu d’indices pouvant l’aiguiller sur le lieu derrière celle-ci. Mais c’était plutôt bon signe. Il n’aurait pas voulu tomber sur la chambre de Sindanarie dés la première porte. Elric aurait pu le traiter de voleur, ou encore de pervers. Mais il imaginait que la chambre de la dame de Viam se trouvait dans les étages (ou l’étage, il n’avait pas vraiment fait attention). Il s’enhardit donc à ouvrir la porte pour pénétrer dans une pièce qu’il qualifia aussitôt d’immense. De nombreux rayonnages laissaient de nombreux livres montrer leur parure.
Ah ça… c’est de la bibliothèque…
Étonnant. Il essayait de se représenter la taille de la pièce par rapport à la longueur du bâtiment vu de l’extérieur. Impossible de se le représenter véritablement, mais la bibliothèque était très grande. Et d’ailleurs, en regardant plus attentivement, tous les rayonnages étaient loin d’être remplis. Sa curiosité naturelle lui dictait d’aller voir de plus prés quelques livres pour voir de quoi il en retournait. Mais il préféra refermer la porte pour ouvrir une porte un peu plus loin. Il aurait du temps pour retourner plus tard admirer les bouquins.
Cette fois-ci, il fut plus chanceux.
[Suite « Une chambre d’invité »]
